Présentation du conservatoire

Le Conservatoire de l’igname doit être considéré comme la banque détentrice des espèces et variétés d’ignames présentes dans le pays (120 espèces). Son personnel est placé directement sous l’autorité du président du Sénat coutumier

Les objectifs et les orientations du conservatoire de l’igname et des huit jardins d’aires ont été fixés par l’assemblée plénière du Sénat coutumier en collaboration avec les Conseils coutumiers :

  • Rassembler l’ensemble de la collection génétique des ignames du pays et progressivement la compléter par l’introduction d’espèces d’origine locale et étrangère;
  • L’observation et la détermination des espèces et variétés alimentaires de tradition culturelle et sauvages;
  • L’échange d’informations et de concertations régulières entre les 8 aires coutumières;
  • La conservation, la multiplication et la diffusion de variétés améliorées vers la demande, dont essentiellement les jardins d’aires coutumières;
  • La diffusion des innovations relatives à l’igname vers le milieu;
  • La pratique des modes de prélèvement de la fertilité des sols et le transfert dans les jardins d’aires (rotation, couverture végétale, apport de compostière).

Le Conservatoire de l’igname sert à la production de matériel végétal sélectionné et à l’examen des comportements des différentes variétés. Les jardins d’aire fournissent des semences saines pour les besoins des aires coutumières. Cette structure de conservation est une nouveauté sur le plan mondial, elle présente en effet l’originalité d’être portée par les autorités autochtones, soucieuses de préserver le capital génétique que représentent les plantes alimentaires du pays de manière pérenne.

Elle présente aussi l’intérêt nouveau de pouvoir être un interlocuteur privilégié avec les organismes de recherche dont par exemple l’IRD, qui ont décidé de créer de nouveaux partenariats avec les détenteurs des savoirs faire traditionnels dans le cadre du concept de l’expertise collégiale.

Infos pratiques

Visites

Les visites au Conservatoire de l’Igname sont possibles pour les groupes d’élèves, les particuliers ou les professionnels. Les demandes de visite sont à adresser au conservatoire de l’igname ou au secrétariat du Sénat coutumier.

Les périodes de visite sont les suivantes : du 01er mars jusqu’au 31 mai

Vous visiterez :

  • Une collection d’ignames en place ;
  • Deux parcelles de multiplication des variétés d’ignames ;
  • Le bâtiment du conservatoire, le matériel agricole.


Contact
Site de Nê-tôm-Böö, Col de la Pirogue
Tribu de Saint-Laurent 98840 Tontouta
Tél. : 43 51 11
Email : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Origines

L’igname tient un rôle majeur dans la société traditionnelle et constitue un patrimoine génétique et culturel précieux dont il fallait éviter la disparition. Elle est avec le taro d’eau l’une des bases alimentaires de l’organisation sociale et politique de la société kanak. Selon Monsieur Raoul Bouacou, chargé de mission au Sénat coutumier de Nouvelle Calédonie, « la Fête de l’igname est un moment intense de communication et de communion entre les clans, le chef et les autorités tribales, un moment fort de ressourcement identitaire ». Cet héritage est l’un des enjeux majeurs de la mise en place du Conservatoire de l’igname.

Historique

Ce n’est qu’en 1980 qu’un dialogue s’instaure entre la recherche, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), et le milieu agraire coutumier. Le constat est sans appel pour le chercheur agronome Monsieur Vanbercie : l’exiguïté et la médiocre qualité des superficies cultivables entrainent l’appauvrissement des sols en terres coutumières. Conséquence : l’érosion génétique des toutes les espèces vivrières détenues en milieu tribal, dont l’’igname. Les causes sont multiples. Les savoirs faire ancestraux ont tendance à disparaître, les cultures traditionnelles manquent d’espace.

Les échanges d’informations entre la recherche et le milieu tribal favorisent alors sur une reprise de l’activité vivrière traditionnelle. Un recensement et une collecte de toutes les espèces s’organisent et débouche en 1983 avec leur introduction sur la station de recherche appliquée de Port Laguerre à Païta. Simultanément un réseau de points test est implanté sur la Grande Terre et les îles afin de comparer les savoir-faire traditionnels et techniques modernes.

Convaincre le milieu kanak réticent et rallier les décideurs

Pour autant, les clans s’interrogent et demandent des garanties. Les propriétaires d’ignames et détenteurs de savoir par héritage familial ne voudraient pas les céder à des personnes étrangères. Une campagne de sensibilisation va alors permettre l’établissement de passerelles entre les détenteurs coutumiers de diverses variétés d’ignames et l’organisme de recherche. Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement se fixera plusieurs objectifs : une meilleure connaissance agro botanique de la plante, sa résistance aux diverses maladies et le respect des traditions culturelles et culturales locales.

C’est à ce prix que plusieurs producteurs céderont des semences d’ignames en se basant sur un climat de confiance réciproque clairement établi. Si l’idée d’un Conservatoire de l’igname est née dans un contexte de troubles avec les événements de 1984 et 1988, il faudra attendre encore plusieurs années pour en voir la concrétisation. Le temps de convaincre les autorités coutumières, les présidents des trois Provinces, le président du Congrès, le Haut Commissaire et les associations des maires.

En 1993, le projet est présenté au Conseil coutumier du Territoire lors d’une réunion plénière à Kowé Kara, il décide fin 1995 de prendre le projet en main conforté par le plébiscite à 90% des autorités des huit aires coutumières sur la création du Conservatoire de l’igname.

L’aide des organismes de recherche

Les organismes de recherche, le CIRAD, l’IRD (Institut de recherche pour le développement, l’Université de Nouvelle-Calédonie) appuient cette démarche, véritable révolution par son caractère stratégique innovant : le milieu propre dans son environnement social et culturel décide de mettre en place un dispositif de sauvegarde et de protection durable des diverses espèces alimentaires (ignames, taros, manioc, patates douces, plantes à feuilles).

Cette dynamique s’inscrit dans un cadre global visant à terme à s’assurer que ce capital semencier sous forme traditionnelle puisse se perpétuer pour les besoins d’autoconsommation. Il s’agit bien d’une problématique de sécurité alimentaire pour les populations de la Grande Terre et des îles. Le caractère culturel du projet va emporter l’adhésion des décideurs institutionnels au projet et à son financement.

Dernière ligne droite

Le projet de base reçoit l’aval de l’Etat en avril 1997 par l’entremise du secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer, Monsieur Jean-Jacques de Peretti. Dans la foulée, Monsieur Gabriel Païta, président du Conseil coutumier de l’aire Djubéa-Kaponé propose une superficie de 5 hectares sur une acquisition foncière par le Groupement de droit particulier local Néwéré (GDPL), en face de la tribu de Saint Laurent à Païta.

Le maire de Païta, Monsieur Harold Martin apportera des aides pour le déchiffrage du terrain. Lancés en 2000, les travaux démarreront réellement en juillet 2001 en raison des aléas liés à l’accès au site. Il sera finalement inauguré le 4 juillet 2003.

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